Ne fermons pas la porte

Publié le 22 mai 2018
Rédigé par 
Geoffrey

Motion votée le 13 mars 2018, à Ellezelles, avec le soutien de notre conseiller François Otten. Voici son intervention.
« Je n’étonnerai personne en annonçant d’emblée que je voterai cette motion. Je voudrais ajouter que je la voterais des deux mains, si cela pouvait seulement lui donner encore plus de poids symbolique.

Je voterai cette motion de ma main droite. Celle de la justice, qu’un gouvernement fédéral voudrait étouffer dès lors qu’elle interfère avec ses politiques. Au point d’inquiéter non seulement les organisations humanitaires, mais aussi les magistrats, les avocats et le Conseil d’Etat.
Je suis venu en politique par le canal des droits humains. Par celui du respect des libertés fondamentales, d’expression, d’opinion, de circulation. Par celui de l’égalité entre êtres humains. Cet aspect suffirait à lui seul à me mobiliser contre cette loi. Et je le ferais pour cette raison, même si je ne partageais pas la cause défendue.

Mais je voterai aussi cette motion de ma main gauche. Celle qui lutte contre l’injustice. Alors qu’on semble incapable de se donner les moyens pour traquer des fraudes ahurissantes, ce projet de loi prévoit des procédures d’exception pour poursuivre comme du gibier des personnes qui ne sont coupables de rien. Qui ont juste l’incorrection de séjourner sur notre sol sans passeport, et de nous renvoyer à notre incapacité à gérer l’accueil ou le transit d’une infime partie de la misère du monde sur notre territoire. Dans la pratique, de nombreux sans papiers sont de passage chez nous. Ils souhaitent rejoindre le Royaume Uni. Nombre d’entre eux sont mineurs d’âge et ne rêvent qu’à une vie meilleure. Les renvoyer à la souffrance ou à la mort n’est pas digne de notre démocratie.

J’ajoute aussi l’iniquité de ce projet qui aura pour conséquence d’autoriser des perquisitions chez des habitants qui organisent – à leurs frais, sans aucun coût pour l’état ou la collectivité – un acte de solidarité.

Nous sommes un des pays les plus riches du monde. Quelle débauche de moyens pour débusquer quelques centaines d’êtres humains en détresse. Quelle entorse à nos principes fondamentaux !

Le texte que je m’apprêtais à déposer comportait quelques nuances. Mais c’est sans nuance que je voterai celui proposé par la majorité. Face à l’abandon par certains d’une part de nos principes fondamentaux, ce n’est pas l’heure d’ergoter. C’est l’heure de se lever et de réagir. Et je suis très fier que dans ma commune, pourtant éloignée du Parc Maximilien, l’on puisse le faire ensemble, avec toutes celles et tous ceux pour qui la solidarité, l’humanité et la bienveillance restent des valeurs non négociables.